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Internet est partout. Toile géante qui couvre toute la planète, s'abreuve à tous les médias, y compris les canaux privés comme le téléphone, le courrier électronique et les conversations en ligne, le Web est le réseau le plus vaste jamais connu dans l'Histoire humaine. Bien que limitée par le déploiement du réseau téléphonique (terrestre, hertzien ou satellite) et par le prix d'une connexion domicile, la Toile est devenue en quelques années seulement le moyen de communication le plus performant, le plus rapide et le moins cher de l'économie mondiale. Et malgré la diversité des cultures, des ethnies, des langues et des traditions, Internet est aujourd'hui le vecteur de rapprochement et, pour reprendre l'expression de Thomas Friedmann, d'aplatissement du monde connu.Pourtant, pendant plusieurs millénaires, nous avons pu vivre, évoluer, développer nos sociétés sans recourir à un média aussi vaste et aussi complet. A grands renforts de pierres, de tablettes d'argile, de peaux d'animaux domestiques, de roseaux, de chiffons et finalement de papier, il nous a été possible de bâtir un monde globalisé, n'ayant pour limites que celles de la planète. Et dans les deux derniers siècles, grâce à l'usage de l'électricité et des ondes radios, nous avons même pu surmonter les obstacles posés par l'utilisation de nos sources d'énergies actuelles (Charbon, gaz naturel, pétrole). En déployant un réseau téléphonique et des émetteurs de radio-fréquences, il nous a été possible de relier tous les points du globe par des contacts téléphoniques uniques ou multiples.
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L'Internet est-il seulement une extension naturelle ou logique de tout ce déploiement de techno-science ? Non. L'Internet correspond à une nécessité humaine que l'on constate dès les premiers temps de l'humanité : celle de se relier et de partager un patrimoine intellectuel et historique commun. Il ne s'agit pas tant d'échanger des informations ou du savoir, qui était le but premier de l'Internet militaire et scientifique. Cette vision purement utilitaire et potentiellement marchande s'est avérée fausse et surtout contre-productive.Ce dont il est question sur Internet, c'est de permettre à tous les utilisateurs de s'exprimer dans un espace public et d'y faire apparaître leur culture, leurs histoires (si modestes soient-elles), leurs versions et opinions des faits dont ils sont connaissance (y compris quand leurs informations ou perceptions sont totalement ou partiellement fausses ou bien biaisées). Ce dont il s'agit c'est de l'esprit du partage autour du feu. Ce dernier est remplacé par un écran lumineux. Les autres veilleurs sont là, comme au bon vieux temps, autour de l'écran, des ombres légèrement éclairées par la lumière froide. Ce qui diffère c'est évidemment le nombre de feu. Au lieu d'en avoir un seul, il y en a un par veilleur.
Comme le feu de l'ancien temps, l'Internet sert à tout. Il permet la communication entre les individus, la congrégation par delà les frontières, la communion de destin et de narration, l'échange d'informations utiles ou futiles, savantes ou purement factuelles, et enfin il permet le partage de l'expérience et sa communauté. Tout comme le feu, une fois allumé, il n'est pratiquement plus possible de l'éteindre sauf à régresser tant les usages sont multiples, les possibilités innombrables. Internet est le feu nouveau, et il est devenu impossible de s'en passer. Il est le facteur déterminant d'un changement de civilisation, tout comme l'utilisation du pétrole l'a été, le déploiement de l'électricité, l'usage du téléphone ou la circulation du livre.
Comme tout les outils majeurs, Internet n'est pas encore entièrement domestiqué. Les veilleurs n'ont pas encore compris sa valeur réelle, intrinsèque, permettant de grandir les individus et non de les réduire. Comme au jour de Noël, les utilisateurs d'Internet, partout dans le monde sont encore dans la période de découverte du nouveau jouet. Ils en admirent la merveille, les fantasmes, les couleurs, la diversité. Mais peu l'utilise, en tire productions et développements, le mette réellement à contribution. Cela ne signifie pas pour autant que l'Internet soit un gigantesque gadget comme a pu être la platine musicale ou le lecteur de DVD ou de VHS. Internet, à l'instar de la radio et dans une certaine manière la télévision, est un canal médiatique par lequel les contenus circulent, mais cette fois dans les deux sens. Et ce n'est finalement pas le canal qui est incontrôlable mais bel et bien les contenus. Les grandes dictatures actuelles ne s'y sont pas trompées, les puissants et les valets du pouvoir non plus. Alors une guerre mondiale se livre en ce moment même pour saturer l'Internet d'une propagande marchande et restrictive, une homogénéisation normative et radicale qui permettra non de brider les capacités de l'Internet, mais d'en réduire la portée dans les esprits.
L'Internet est devenu indispensable et à terme il sera entièrement gratuit. Ceux qui tentent par des manœuvres diverses et des stratégies sournoises de le limiter, de manipuler son contenu et de s'ériger en maîtres des réseaux ne sont rien d'autre que les seigneurs féodaux d'une nouvelle forme de Moyen-Âge au cours duquel il est possible que la censure exercée aille bien au-delà de ce qu'on reproche aujourd'hui aux cultes d'hier. Car autrefois, le feu de la veillée réchauffait les veilleurs et invitait à la communauté. Mais il servait aussi, le cas échéant, à éloigner les loups, les brigands et si nécessaire à incendier les forteresses de ceux qui souhaitaient régner sans partage. Aujourd'hui, comme hier, le feu de l'Internet est un outil de création, de communauté ou de destruction massive. Il dépend de ceux et de celles qui en font l'usage de déterminer ce qu'il en sera.
2 commentaires:
Lourde responsabilité...
Bravo pour cet article fort intéressant.
Sur une thématique proche je vous informe du tournage prochain d'un plateau webTV : "Quel est le moteur du web ? La technologie, l'humain ou le business ?" : http://techtoc.tv/event/490/internet-usage/e-reputation/quel-est-le-moteur-du-web--la-technologie--l-humain-ou-le-business--1-2
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