La légende veut que le vieux Malraux ai dit un truc du genre : « le 21 siècle sera spirituel ou ne sera pas ». Désolé André, mais le 21e siècle est là et la spiritualité n'est pas au rendez-vous, loin de là. En revanche, intégrismes, sectes, clubs, initiés, cercles, gourous et délires mystiques sont légions. Ils touchent toutes les couches de la population, toutes les cultures, toutes les classes sociales. Portés par les peoples, icônes païennes modernes, les croyances du 21e siècle sont un vaste fatras incompréhensible et nébuleux pareil à une bouillie d'éléments incompatibles entre eux.
Toutefois, un schéma de pensée, ou plutôt une articulation culturelle se dégage de ce carnaval bigarré. Si autrefois, la morale et l'éthique construites par les religions et les spiritualités tentaient de séparer le monde entre bien et mal, aujourd'hui le paradigme à changé et désormais, le monde se divisera entre les fidèles et les traîtres. Car la démarcation entre le bien et le mal est devenu si floue, si imperceptible, que ce dualisme n'est plus qu'une donnée relative relevant de la seule sensibilité individuelle. Il est donc plus simple de diviser le monde entre ceux qui sont pour moi et ceux qui sont contre moi, cette dernière catégorie regroupant tous ceux qui ne sont pas pour moi.
Ce curieux clivage, relevant de l'appropriation des relations interpersonnelles par les enfants en pleine phase de socialisation, se révèle dans l'ensemble des liens qui unissent les individus dans les sociétés industrielles contemporaines. Que ce soit dans les relations amoureuses ou amicales, dans les relations de travail entre collaborateurs ou bien partenaires, dans les relations sociales entre voisins, citoyens, électeurs, militants, représentants, fonctionnaires... Ce qui relevait autrefois d'un serment institutionnel propre à des corps constitués comme les églises, les ordres de chevalerie ou de magistrats s'étend aujourd'hui à l'ensemble de la société, comme si le fait d'être né quelque part et d'entretenir des liens avec les individus de son environnement immédiat nous obligeaient ipso facto.
Ce clivage entre le fidèle et le traître est particulièrement visible dans les environnements politiques et les mouvements religieux. La similitude entre les deux sphères est telle qu'il est souvent difficile de les différencier tant elles s'appuient toutes deux sur les cultes de personnalités, l'adhésion inconditionnelle et la croyance indiscutable en des dogmes souvent difficiles à étayer d'une argumentation sans failles. Et grâce à ce clivage, il devient aisé de reconnaître « les siens » et de marginaliser « les autres ». Tous ceux et celles qui de voue pas le culte, n'adhère pas inconditionnellement et de démontre pas une croyance indiscutable sont des traîtres ou soupçonnés de le devenir dans un avenir plus ou moins proche. Et dans une telle démarche, le soupçon équivaut à la culpabilité.
Le fidèle est donc celui qui cultive le respect et l'adoration du personnage central. Dans l'entreprise, ce sera le supérieur hiérarchique au plus haut niveau visible. Dans le parti, ce sera le président ou le secrétaire général. Dans l'église ce sera le dignitaire qui gravite au plus près du pape ou de son équivalent. Le fidèle n'aura pas d'autre préoccupation que de travailler à garantir les intérêts de son maître, qu'il désignera sous des vocables plus consensuels et moins tranchés comme mentor ou personnalité auxquels il apposera les qualificatif de respectable, estimable, admirable...
Le fidèle est aussi celui qui fera preuve d'une adhésion inconditionnelle aux directions de l'organisation et de ses dirigeants. Pièce de la machine institutionnelle, le fidèle sait qu'il a son rôle à jouer et bien que mineur, voire insignifiant aux yeux des « autres », il est essentiel à l'accomplissement du projet de l'organisation et de ses dirigeants. La position subalterne est magnifiée, gonflée artificiellement par une rhétorique de l'effort invisible, de la récompense inéluctable mais différée, de la fierté discrète mais réconfortante. Le fidèle est sûr de l'impact de son action car il est investit d'une mission.
Enfin le fidèle est celui qui ne perd pas de temps à remettre en question les dogmes de l'organisation, ni l'autorité de ses dirigeants, et ce quelles que soient les conditions, les erreurs manifestes ou les entorses manifestes au plus élémentaire sens commun. Pour faire la démonstration de son attachement aux dogmes, le fidèle s'en fait le porte-parole, souvent spontanément, sans besoin d'ordre de la part de la direction. Il calque son comportement et sa posture intellectuelle sur ces dogmes et les faits siens. Il démontre ainsi son dévouement et sa fidélité. Et par la même, il affirme sa profession de foi sans jamais émettre la moindre contestation sur la validité de ce qu'il affirme haut et fort.
Le fidèle est donc admirable par son courage, par son abnégation, par les efforts spontanés qu'il déploie et par le sens du dévouement dont il fait preuve. Il est un militant fiable, un bon élément, un collaborateur digne de confiance, un pratiquant assidu, un membre motivé... Autant de qualificatifs qui le caractérisent et lui donnent les lettres de noblesse et de reconnaissance qu'il recherche pour combler le vide sidéral qui était sa vie avant de rencontrer la voie.
Le traître est tout le contraire, et par extension tout le reste.
Le traître refuse d'obéir à l'ordre naturel des choses. Il préfère stupidement s'opposer à ce qui est pourtant accepté par les fidèles. Son attitude déraisonnable et défiante est intolérable et provoque des souffrances qu'il faut éviter aux fidèles. En refusant le culte du chef, il démontre un manque total de discernement et son ignorance des choses de ce monde. Il est donc arrogant, négatif et vindicatif. Il ne peut comprendre la grandeur du chef, de la personnalité, du dignitaire car il est trop absorbé par sa propre personne, par son égoïsme et sa passion narcissique.
En contestant les conditions d'adhésion, le traître fait déjà la preuve de sa mauvaise foi et de sa fourberie. Il remet en question les termes mêmes du contrat social, des dispositions admises par le plus grand nombre et tente de fissurer l'ordre social. Car le traître souhaite rompre l'harmonie des fidèles et faire régner l'anarchie, le désordre, le chaos. Sa stratégie n'a d'autre but que de prendre le pouvoir et de renverser l'autorité. Alors il cherche les failles dans l'adhésion des fidèles et tente ainsi de corrompre le lien presque sacré qui unit les fidèles et le corps constitué, l'institution.
Enfin le traître ne peut comprendre la foi. Celle-ci lui est étrangère parce qu'il est incapable de surmonter la barrière de l'intellect, de l'esprit petit-bourgeois, d'un matérialisme qui empêche de voir grand, de voir plus loin que sa propre vision, plus loin que son petit ego. Le traître n'a donc aucun respect pour les articles et la profession du dogme. Pire, il les remet en question, les discutent de manière historique et factuelle, occulte la dimension symbolique et l'idéal, et ramène la croyance à une affaire triviale, dégradante, basse. Car le traître ne sait que poser des questions biaisées, que proférer des critiques infondées car dénuées de convictions profondes. Il n'a aucune morale et cherche à pervertir l'éthique qui forme le socle de comportement des fidèles.
Le traître est par essence détestable et méprisable. Sans foi, ni fidélité, il n'a pas d'identité et encore moins de valeur pour l'institution, pour le courant, pour le mouvement. Il est un parasite dont il faut se défendre, qu'il faut chasser faute de quoi, il sera telle une pomme pourrie dans le panier. Le traître ne mérite ni la confiance, ni la sympathie, car il ignore la réciprocité et la modestie. Sa marque est celle de la contestation stérile et de la sournoiserie la plus vile.
Le traître et le fidèle sont les deux stéréoptypes de la nouvelle morale contemporaine que l'on dit libérale, mais qui n'a rien de libéral. Ils forment les deux modèles de comportement dictés par les tenants d'une éthique aveugle qui ne tient compte que des fins au détriment des moyens. Et cette éthique, mue par la rapacité et le gain individuel maximal, ne peut s'encombrer de notions comme le bien et le mal qui ne permettent pas de classifications simples et tranchées comme celles du traître et du fidèle.
Le 21e siècle est celui de la disparition du bien et du mal et de leur remplacement par la fidélité et la trahison, deux valeurs présentes dans tous les grands courants religieux et idéologiques de la planète. Mais faute d'un culte de la pertinence et d'une pratique concrète de l'éveil, cette culture dualiste de la fidélité et de la trahison nous fera sombrer dans une longue période de terreur et d'obscurité comme nous en avons déjà connues dans l'histoire humaine.
La fin du monde
Il y a 11 ans
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