Bouddha est certainement le terme le plus utilisé et le plus mystérieux du vocabulaire bouddhique. Dans l'imaginaire des néophytes comme de beaucoup de pratiquants, le bouddha est une figure de légende, mythique, auréolée d'une connotation presque divine. Rien ne saurait être plus loin de la vérité.
Bouddha désigne une personne qui s'est éveillée au principe fondamental de la vie, qui perçoit la véritable nature de tous les phénomènes et qui contribue à permettre aux autres de réaliser un état d'éveil de même intensité que le sien. En Inde, le terme bouddha était à l'origine un nom commun pour désigner un "éveillé" ou un sage illuminé, alors qu'en bouddhisme le même terme désigne celui ou celle qui s'est éveillé au principe fondamental de la vie.
Dans la tradition Hinayana, aussi intitulé "Petit véhicule", le terme désigne celui qui est entré dans le Nirvana, état dans lequel et le corps et l'esprit ont cessé d'être, ou plus précisément ont été éteints comme les braises d'un feu de foyer.
Les principes de la tradition Mahayana, aussi appelée "Grand véhicule" enseignent généralement que l'on devient bouddha, que l'on s'éveille après avoir éradiqué les illusions de ce monde au bout d'une période immensément longue de pratiques austères et méritoires, et dont la progression est marquée par l'obtention des trente deux attributs caractéristiques des bouddhas.
La tradition du Sûtra du lotus propose une définition du bouddha comme celui ou celle qui est doté des trois vertus de souverain, maître et parent, qui est éveillé à la véritable nature de tous les phénomène et qui enseigne cet éveil au gens afin de leur permettre de se libérer des souffrances endurées dans ce monde. Nichiren, moine du 13e siècle, propose une lecture du Sûtra du lotus qui décrit le bouddha des derniers jours de la loi, période de corruption spirituelle au cours de laquelle les enseignements du bouddha historique, Gautama, sage des Shakyas, n'ont plus aucune efficacité. Ce bouddha des derniers jours est le bouddha originel, dans le sens de modèle original, doté des trois propriétés (ou trois corps) du bouddha, manifestant les trois vertus (souverain, maître et parent) mais apparaissant sous forme humaine pour exposer la loi merveilleuse contenue dans le Sûtra du lotus.
Pour simplifier le propos de Nichiren, le bouddha des derniers jours est un homme ordinaire capable de manifester la sagesse du Sûtra du lotus dans sa vie quotidienne afin de faire la démonstration que tout un chacun peut réaliser l'éveil au principe fondamental de la vie.
A travers l'évolution du bouddhisme en fonction des cultures et des époques qu'il a traversé, le concept de bouddha est passé d'un idéal symbolique et intellectuel presque inconcevable humainement à une réalité spirituelle manifeste articulée sur la foi et accessible à tous indépendamment de leur diversité. Cette extraordinaire proximité de l'éveil fait la singularité du bouddhisme de Nichiren et sa différence réelle avec la majeure partie des autres écoles issues de la tradition bouddhique indienne et chinoise.
Nichiren évoque cette proximité avec l'éveil dans sa lettre sur L'Atteinte de la boddhéité : « Ainsi le Sutra Jomyo révèle que l'Eveil du Bouddha se trouve dans la vie humaine, montrant que de simples mortels peuvent devenir bouddha et que les souffrances de la naissance et de la mort peuvent se changer en nirvana. Il y est dit encore que, si le cœur des hommes est impur, leur terre est impure, mais si leur cœur est pur, leur terre l'est également. Ainsi, il n'y a pas deux sortes de terres, pure et impure en elles-mêmes. Il n'y a que la pureté ou l'impureté de notre cœur. » (Lettres et traites de Nichiren Daishonin, T1, p.3, ACEP) Il ne s'agit pas ici de dire qu'être bouddha est une simple question de point de vue. Ce que Nichiren met en lumière dans ce court passage c'est notre propre capacité à produire les circonstances de la réalité quotidienne et la façon d'être et de percevoir cette réalité à la fois individuelle et collective.
Il est difficile de croire que nous chacun de nous puisse manifester la sagesse, ou la force vitale, ou la capacité d'action du bouddha dans sa vie de tous les jours. Pourtant, Nichiren ajoute, toujours dans la même lettre : « Il n'y a pas de différence entre un bouddha et un simple mortel. Dans l'illusion, on est simple mortel, mais, une fois éveillé, on est bouddha. » (Lettres et traites de Nichiren Daishonin, T1, p.3, ACEP) Il déclare ainsi que le bouddha n'est pas une créature supérieure ou extraordinaire. Il n'est pas un être doté de pouvoirs surnaturels ou de caractéristiques dignes d'un film hollywoodien. Le bouddha est un individu éveillé à la nature fondamentale de la vie et donc imperméable à la seule apparence des choses de l'existence. Il ou elle manifeste et expérimente, instant après instant, une condition de vie permettant de se libérer des illusions et de détruire les ténèbres de l'ignorance fondamentale qui engendre stupidité, voracité et violence. Cette condition de vie est appelée : état de bouddha.
La fin du monde
Il y a 11 ans
1 commentaire:
je trouve cette vision super j'ai moi même pris refuge et ce texte m'éclaire encore plus sur se que je suis et se que je serais merci...
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